Il compte 3.228 tuyaux et pèse 13 tonnes. Construit grâce à des passionnés opiniâtres, le grand orgue de l’abbatiale de Celles-sur-Belle sera inauguré le samedi 5 mai 2018 à 20h30. Pas de réservation, entrée libre.
« Tu vois, l’instrument, je l’entends ». Le jour où Jean-Michel Dieuiaide a prononcé cette phrase, il se tenait dans l’église de Celles-sur-Belle devant un instrument qui n’était pas encore là. Mais le concepteur d’orgue et compositeur, inspecteur de la musique à la ville de Paris, avait déjà en tête le son qu’il rendrait. Ce n’est pas le détail le plus fou d’une histoire déraisonnable, proche de son dénouement.
L’histoire d’un protestant fou de musique, Pierre Archaimbault, qui dit un jour au prêtre de la paroisse : « Ce qui manque dans cette église, c’est tout de même un orgue ». En 1798, un écrit stipule que l’orgue a été détruit pour vétusté, et depuis près de 200 ans, il n’a jamais été remplacé. Pierre Archaimbault a de la suite dans les idées. Il remue ciel et terre pour trouver des fonds. L’association des Amis de l’orgue européen de Celles-sur-Belle est fondée.
« De l’horlogerie suisse ». De 2014 à 2016, le facteur d’orgue Olivier Chevron construit un instrument dans son atelier de l’Indre. Montée de toutes pièces sur place, la bête énorme, 3.228 tuyaux et 43 jeux, exceptionnelle pour la région, est redémontée pour être remontée de A à Z dans l’abbatiale. Une tribune, capable de supporter 13 tonnes, a été ancrée dans les murs de la tour-donjon. Autour du Chef-Boutonnais Max Quiard, l’association Les Copains de l’enclume a forgé le décor de l’instrument. Il est rare qu’on bâtisse un orgue de nos jours, il est encore plus rare que l’initiative en revienne au privé. « Pour construire un orgue, il faut être un très bon ébéniste, un très bon menuisier, cela tient aussi de la mécanique et de l’horlogerie suisse », sourit Michel Bergé, président de l’association.
« Silence, harmonisation de l’orgue. Merci », prévient un écriteau sur le portail de l’abbatiale. Car on en est à l’ultime étape avant la bénédiction par Mgr Wintzer le 22 avril et la soirée d’inauguration le 5 mai. Un long et pointilleux travail, démarré avant Noël et qui se prolonge. Jean-Michel Dieuaide a conçu l’architecture sonore de l’instrument comme on dessinerait les lignes d’un monument. Maintenant, il faut travailler chacun des 3.228 tuyaux pour que le son qu’il produit trouve sa place dans cet édifice esthétique. Olivier Chevron et l’harmoniste Jean-Pierre Conan s’y attellent. L’un au clavier, tient la note. L’autre s’affaire dans le ventre de l’instrument. Dans le froid, glacial cette semaine, l’exiguïté du lieu ajoutant à l’inconfort, ils dialoguent entre eux et avec les sons : retenir sa respiration, à la recherche d’un souffle de beauté.
Source : La Nouvelle République
Dépliant d’invitation à l’inauguration
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